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Une hégémonie américaine en perte de vitesse ?

Depuis la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis ont dominé la finance mondiale grâce au dollar comme monnaie de réserve, à Wall Street comme place financière de référence et à une économie capable d’attirer l’épargne mondiale. Mais depuis la crise de 2008, puis l’inflation post-Covid, une série de signaux inquiétants remettent en cause cette suprématie : dette publique dépassant 130 % du PIB, dédollarisation progressive des échanges mondiaux, tensions avec les BRICS, et hausse des taux d’intérêt qui fragilise la croissance.

Les agences chinoises, russes, saoudiennes ou indiennes échangent désormais de plus en plus en yuans ou en monnaies locales. Même des poids lourds comme le Brésil ou les Émirats Arabes Unis réduisent leur dépendance au billet vert. Le dollar reste dominant, mais ses fondations vacillent.

La Chine, nouvelle destination stratégique du capital mondial ?

La Chine, de son côté, affine sa stratégie. Ouverture mesurée de ses marchés financiers, amélioration de la transparence comptable, développement de la zone de libre-échange de Shanghai, innovations dans la fintech et essor du yuan numérique : Pékin veut séduire les investisseurs institutionnels en quête de diversification.

Avec une croissance encore stable autour de 5 %, un excédent commercial massif et une banque centrale capable d’injecter des liquidités sans provoquer d’hyperinflation, la Chine apparaît pour certains comme un terrain plus rationnel que les marchés occidentaux, soumis à des taux élevés et des dettes explosives.

Des flux d’investissement qui changent de direction

Les données de 2023 et début 2024 montrent une inflexion claire :

  • Les investissements directs étrangers (IDE) en Chine continentale ont repris, après une baisse temporaire liée au Covid.
  • Les ETF exposés à la Chine (notamment sur les techs de Shenzhen ou les infrastructures vertes) enregistrent des flux nets positifs.
  • Des institutions comme BlackRock, Bridgewater ou Goldman Sachs ont renforcé leur exposition à certaines entreprises chinoises, malgré les tensions diplomatiques.

Le pari est simple : là où les marchés occidentaux sont saturés et survalorisés, la Chine offre des multiples faibles, une croissance structurelle, et une transition industrielle qui reste inachevée — donc pleine d’opportunités.

Quels secteurs attirent les investisseurs ?

Les capitaux étrangers ciblent principalement :

  • La tech locale (semi-conducteurs, IA, cybersécurité) pour rivaliser avec la Silicon Valley.
  • Les énergies renouvelables, où la Chine est déjà leader mondial (panneaux solaires, batteries).
  • La consommation intérieure, portée par une classe moyenne en croissance.
  • Le secteur militaire et spatial, en forte expansion mais très contrôlé.

Les risques à considérer

Miser sur la Chine n’est pas sans périls : opacité réglementaire, instabilité immobilière (ex : Evergrande), tensions avec Taïwan, ou sanctions américaines ciblées. Les investisseurs les plus habiles arbitrent ces risques avec prudence, en combinant ETF diversifiés, actions de sociétés cotées à Hong Kong, et exposition indirecte via des multinationales exposées à la Chine.

Les États-Unis ne vont pas s’effondrer, mais leur domination financière n’est plus incontestée. La Chine, avec ses défauts, s’impose comme une alternative crédible et structurée. Pour les investisseurs stratégiques, ignorer cette transition, c’est passer à côté d’un réalignement historique du pouvoir économique mondial.

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